Nos Pères sont les premiers moines d’Orient et d’Occident. Ils soulignent avec force que l’expérience première du moine est celle de la miséricorde de Dieu qui l’accueille et l’aime non seulement dans ses dons et ses capacités, mais aussi dans sa faiblesse, ses failles, son ‘’inachèvement’’; et cette expérience ( qui est une dynamique continue tout au long de sa vie) le rend solidaire avec tout homme et l’ouvre à une tendresse universelle avec toute la création. Conscient de sa pauvreté radicale il devient un creux où pourra se recueillir toute grâce et toute misère.
Le moine ne cesse de faire l’épreuve purifiante du désert où Dieu se fait connaitre dans la mesure où le moine quitte ses sécurités. Il entre dans la « solitude » propre au temps de la résurrection. ‘’ Le moine est séparé de tous et uni à tous’’ (Evagre) La communion avec les autres passe alors à un autre plan ; il y a une certaine distance, une certaine rupture, à la façon du Seigneur qui, après sa Pâque, était infiniment proche, mais d’une manière déconcertante pour ses disciples. De cette présence-là les hommes ont soif, souvent sans le savoir.
Par sa puissance unifiante, la vie monastique tend à être la grande réconciliation de l’homme avec Dieu et avec lui-même, avec ses frères, avec l’univers tout entier. Tout, dans la vie du moine, tend à devenir prière, chant d’action de grâce ou imploration qui monte dans le silence du cœur. Cette liturgie s’exprime de façon habituelle au sein de la communauté. Notre office s’inspire des grands courants liturgiques de l’Eglise où s’expriment intensément la joie de la résurrection, l’action transfigurante de l’Esprit et la jubilation de l’Église sauvée.
L’appel monastique est un « mystère », une réalité dynamique, un chemin de conversion permanente. Ce chemin peut prendre des formes de vie diverses au fil de la croissance spirituelle. Certaines sœurs vivent plus en solitude à une certaine distance du monastère.
Le travail, à l’intérieur du monastère, se réalise de diverses manières dans la mesure où cela n’engage pas de gros investissements. Il est le gagne-pain nécessaire et une expression de communion avec les hommes, un moyen qui achemine vers la transfiguration du créé. Ce qui est premier, c’est la réalité spirituelle dont les modalités concrètes sont le support.
Quand les anciens disaient : « Le moine doit être tout œil », cela signifie que son regard s’efforce de discerner, sous les apparences, le flamboiement des germes de la résurrection cachés dans le monde et le cœur des hommes.